Soie, d'Alessandro Baricco
Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte - succès mérité pour le plus rafiné des jeunes écrivains italiens.
J'ai lu ce livre en une soirée. Le rythme est rapide, les chapîtres sont très courts, d'une à quelques pages. À cette époque, une maladie décime les élevages de vers à soie dans les Cévennes, le jeune Louis Pasteur n'a pas encore trouvé de remède à la pébrine. Le livre ne s'attarde pas sur le travail de la soie, le cycle de vie des vers est simplement décrit dans le deuxième chapître, et ça commence mal...
"Aux premiers jours de mai, les œufs s'ouvraient, libérant une larve qui, après trente jours d'alimentation forcenée à base de feuilles de mûrier, travaillaient à se réenfermer dans un cocon, pour s'en évader ensuite définitivement en laissant derrière elle un patrimoine équivalent en fil à mille mètres de soie grège et en argent à une quantité considérable de francs français ..."
Et bien non, si on laisse la chrysalide se développer et le papillon sortir, il fait un trou dans le cocon et on se retrouve avec des petits bouts de fils de quelques centimètres qu'on ne peut pas filer. Pour récupérer la soie, il faut tuer la bestiole avant qu'elle ne sorte. Dans les élevages, on ne laisse que quelques papllons sortir pour la génération suivante de vers.
À l'école primaire, les maîtres et maîtresses nous distribuaient chaque année des morceaux de carton avec des œufs de vers à soie, on allait chaque jour chercher des feuilles de mûrier au bout de la rue, un voisin avait un arbre dont les branches dépassaient par dessus son mur. C'était captivant de les voir manger. Après les vers faisaient leurs cocons vraiment n'importe où, c'était une calamité.