Surréalisme
Une exposition que je n'avais a priori pas prévu de relater ici. Et puis surprise! Une des salles est intitulée Machines à coudre et parapluies.
En 1914, la revue Vers et Prose publie le texte d'un auteur oublié : Les chants de Maldoror (1869) d'Isidore Ducasse, alias le comte de Lautréamont. Redécouvert par Philippe Soupault, l'écrivain est immédiatement célébré par les surréalistes. Son texte défie toute construction, et lègue aux surréalistes une définition de la beauté qui ne doit rien à l'harmonie : « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! »
Cette phrase a inspiré au moins deux artistes.
Man Ray, 1890 Philadelphie-1976 Paris. Beau comme la rencontre fortuite d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table de dissection, 1932-1933. Collage, dessin et épreuve argentique.
Konrad Klapheck 1935-2023 Düsseldorf. Die Gekränkte Braut (La mariée offensée), 1957. Huile sur toile.
Konrad Klapheck découvre le surréalisme à l'occasion d'un séjour à Paris au milieu des années 1950. De Marcel Duchamp, il retient l'attention portée aux objets du quotidien et à leur charge poétique, de René Magritte, la facture lisse et impersonnelle. Les artistes du groupe réserveront un accueil enthousiaste à ses objets monumentaux et luisants, en particulier André Breton qui préface le catalogue de l'exposition de l'artiste à la galerie Sonnabend en 1965 et lui consacre un texte dans Le Surréalisme et la peinture (1964).