L'étoffe du diable
L'étoffe du diable, une histoire des rayures et des tissus rayés, de Michel Pastoureau.
La rayure et les étoffes rayés sont longtemps restées en Occident des marques d'exclusion ou d'infamie. En furent notamment vêtus tous ceux qui se situaient aux marges de la société chrétienne ou bien en dehors : jongleurs, musiciens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés, hérétiques, juifs, musulmans, ainsi que, dans les images, le Diable et toutes ses créatures. Sans faire disparaître ces rayures très négatives, l'époque romantique voit apparaître une nouvelle forme de rayures, positives et liées aux idées nouvelles de liberté, de jeunesse et de progrès. Dans les sociétés contemporaines, ces deux types de rayures cohabitent : celles des vêtements de prisonniers, de la pègre, des lieux dangereux et celles du jeu, du sport, de l'hygiène et de la plage.
Cette fois ce n'est pas un roman, mais une lecture sérieuse que je vous propose. Saint Louis revient de croisade et arrive à Paris en 1254 avec quelques frères de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, qui portent un manteau rayé, ce que personne n'avait encore vu. À l'époque, on ne disait pas rayé mais barré, et on les a surnommés « les frères barrés ». Ils se sont installés rive droite, il existe toujours une rue des Barres. Les habits rayés étaient une marque d'infamie, l'expression « complètement barré » vient-elle de là ?