Le wax
L'exposition wax au Musée de l'Homme retrace l'historique et l'actualité de ce tissu.
Le wax est une transposition technique du batik, un tissu indonésien vieux de plus d'un millier d'années, teint artisanalement par un procédé de réserve à la cire. En javanais, le terme batik signifie « pointillé », allusion au résultat obtenu en déposant des gouttelettes de cire sur le coton. Ce procédé a connu son apogée en Indonésie, sur l'île de Java, au point qu'il est inscrit depuis 2009 au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco.
La cire peut être appliqué au pinceau, avec des formes en bois gravées (comme pour l'impression à la planche).
Ou bien, depuis la mécanisation, au rouleau.
Parmi les milliers de tissus originaux qui existent dans le monde, le wax se distingue par son histoire atypique, qui débute à la fin du 19° siècle., au carrefour de l'Asie, de l'Europe et de l'Afrique. Cette étoffe de coton d'importation coloniale va connaître le succès sur le continent africain. Les femmes, notamment, s'approprient ce tissu aux motifs variés et aux couleurs chatoyantes pour en faire des vêtements chargés de sens personnel et affectif. L'intérêt pour le wax s'étend aujourd'hui à l'Europe et à une partie de l'Amérique, où il est porté par des générations d'origine africaine attachées à cette culture textile. Dans l'univers artistique comme dans celui de la mode, son langage graphique est repris et réinventé par de nombreux créateurs et créatrices africains, ou issus de la diaspora, qui en questionnant les racines et l'identité hybride, ou qui, pour certains d'entre eux, le rejettent au nom de la décolonisation. À travers le wax, il s'agit de comprendre comment se construit une identité culturelle, aussi complexe soit-elle, et de s'émerveiller de la capacité humaine à s'approprier un objet venu d'ailleurs pour lui façonner une nouvelle histoire.
L'exposition présentait beaucoup d'échantillons, avec les noms et une explication du symbolisme des différents motifs représentés: la main, les morceaux de sucre, la fleur de mariage, l'œil, l'hibiscus, l'hirondelle, les poissons et crevettes, et certains dessins plus récents ou chargés de sens: le sac de Michelle Obama, ce que l'homme mangera ne tombera pas, ce sont les fûts vides qui font le plus de bruit, mari capable, chérie ne me tourne pas le dos sont ceux qui m'ont le plus amusée.
Avec ces tissus on peut faire des tenues classiques comme cet ensemble de mariage, avec justement le motif leur de mariage:
Ou bien des choses plus originales comme ce tableau: saint Maurice par Gombo.
Gombo interroge ici les représentations historiques dans la peinture européenne. Il remarque que, malgré l'étymologie du nom « Maurice », dérivé du latin maurus signifiant « noir », saint Maurice n'est pas toujours représenté, dans l'art, avec une peau noire. En le peignant avec un masque gelede, Gombo invite le public à remettre en question l'objectivité des représentations à travers les siècles et rappelle la présence des maques comme motifs de certains wax.