Du 17^ème siècle et jusqu'à nos jours, les sœurs Ursulines produisirent un autre type de dentelle, spécifique au nord de l'Italie et à l'Europe centrale, et répandue à Gorizia, Idrija et dans les environs. Cette technique de dentelle aux fuseaux à fils continus n'utilise que quelques fuseaux et crée des bandes ajourées qui forment le motif, tandis que le fond ou les liaisons sont travaillés ultérieurement. Les dentelles ou insertions qui en résultent présentent des décorations simples qui peuvent être appréciées de loin. La facilité et la rapidité de production ont convaincu les sœurs de pratiquer cette technique dans leur atelier et de l'enseigner aux élèves de leur école.

Encore quelques échantillons?

Et les explications sur la dentelle à lacet typique de la région.

L'importance de la dentelle dans la vie du monastère de Sainte Ursule est documentée dans les archives, et par un livre d'échantillon, véritable trésor de la première moitié du 18^ème siècle. Les sœurs Ursulines ont monté ces minuscules et exquis échantillons sur des pages cartonnées qui sont entrées dans les collections du musée au début du 20^ème siècle. Des études et réorganisations récentes ont mis en lumière de nouvelles interprétations. Cette collection témoigne d'un savoir-faire qui n'était pas local, mais importé de la lointaine Europe du Nord : le travail était réalisé dans le monastère pendant une période précise, du deuxième au troisième quart du 18^ème siècle. Dans cette technique, connue sous le nom de dentelle aux fuseaux à fil continu, la dentellière tisse un nombre parfois énorme de fuseaux pour créer des dentelles ou des entre-deux avec des motifs et des fonds. La technique a été importée par des religieuses de Flandre ou de Wallonie. Cette technique quelque peu délicate était pratiquée dans l'atelier du monastère, mais également enseignée aux élèves, comme le révèlent de nombreux spécimens. Cependant, le style de la dentelle prouve que ce type de travail n'était plus pratiqué après le troisième quart du 18^ème siècle et tomba ensuite en désuétude, principalement faute de nouveaux modèles.

Quelques échantillons présentés dans des vitrines.

Des informations pédagogiques sont présentées sur les murs.

Imaginez votre graphe sur le mur! Avec le sens de passage des paires.

Celui-là, je ne sais pas ce qu'il représente.

Je ne suis pas allée au château de Gorizia juste pour admirer la vue. Les remparts abritent aussi le Musée de la Mode et des Arts Appliqués, qui proposait une exposition "Les Ursulines à Gorizia. Un fil précieux vieux de 350 ans".
Le 24 mai 1672, le monastère des Ursulines est officiellement fondé, sur ordre de Mario Albrici, nonce apostolique à Vienne. La cour autrichienne, les jésuites et l'aristocratie de Gorizia soutiennent l'aventure. Deux sœurs, Maria et Anna Bonsi, ont mis à disposition une maison qu'elles avaient achetée au couvent des Clarisses. Six religieuses dirigées par Caterina Lambertina Pauli-Stravius et Mère Angela Aloisia, toutes deux liégeoises, quittèrent Vienne avec la permission de l'évêque et arrivèrent à Gorizia le 8 avril 1672.

Carton pour broderie ou tapisserie d'ameublement, avec les traits de ponçage. 18^ème siècle.

Voile calice dit "du pieux pélican". Tissu satin de soie, peinture à l'aiguille en soies polychromes et fils d'argent et d'or,

dentelle aux fuseaux de fils d'argent. Milieu 18^ème siècle.

Le musée projetait aussi des photos de détails de broderie, pris en objectif macro et projeté sur un mur c'est impressionnant.

Traverons la frontière, allons visiter le château de Gorizia. Le château de Gorizia est le cœur ancien de la ville, situé une colline qui offre une vue panoramique imprenable sur Gorizia et ses environs.

Les premiers remparts franchis, on découvre toute une petite ville, des bâtiments, des ruelles, une église.

Le château fut modifié à plusieurs reprises, avec l'ajout de remparts et de tours et utilisé comme centre administratif, caserne et prison. Le château fut bombardé pendant la Première Guerre Mondiale. Il fut rénové dans les années 1930.

Le Château de Gorizia abrite le Musée du Moyen Âge, où l'on peut voir d'intéressantes reproductions des armes de poing utilisées à cette époque. La Sala della Musica (Salle de Musique) présente des reproductions parfaites d'instruments anciens dont les mélodies peuvent être écoutées grâce aux technologies modernes. Je n'ai pas visité ce musée.

Étonnant: parmi ceux qui ont œuvré aux structures de défense du château, on trouve également Edmond Halley, qui a découvert la comète du même nom.

Le samedi soir a lieu le traditionnel dîner de gala, en général avec une animation. Un car nous a emmenés un peu à l'écart de la ville. Mais juste avant, sur le chemin, nous avons visité une église. Le linge liturgique est évidemment agrémenté de dentelles.

Et nous avions aussi une exposition de dentelles.

Le musée Fabre est un musée de Beaux Arts, rien à voir avec la dentelle, mais je ne délire pas. Au détour des salles, ce tableau de Domenico Zampieri, dit Dominiquin (Bologne 1581 - Naples 1641).

C'est le portrait du cardinal Jean de Bonsy, peint vers 1615, une huile sur toile. L'étiquette dit:
Évèque de Béziers à partir de 1598, ce prélat annula le mariage d'Henri IV avec Marguerite de Valois et négocia sa nouvelle union avec Marie de Médicis. Par le traitement somptueux des détails et des matières qui ne sacrifie rien au réalisme physique, à la vérité psychologique et à la condition sociale du modèle, il s'agit d'un des plus remarquables portraits exécutés par le Dominiquin.
Pour la vérité psychologique je ne me prononce pas, mais pour le réalisme je suis restée en admiration devant la représentation de l'aube qui devait être en fine batiste vue l'époque, et des dentelles qui l'ornent.

Ainsi que la dentelle des poignets, que la photo ne rend pas bien. 

Une visite à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Elle contien un appartement-témoin de la Cité Radieuse du Corbusier. Cet appartemen témoin est meublé, je ne sais pas si les meubles sont ceus prévus par l'architecte lui-même ou s'ils ont été mis pour l'exposition, mais apparemment l'équipement de base comprend une boîte à couture. Amusant.

Justement ce sont les Journées nationales de l'architecture ce week-end, profitez-en pour aller faire des visites!

Oui je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir, mais j'ai fait attention.

Dans le hall du bâtiment, les dentelles d'un groupe de travail "Dentelle MP3 - Histoires derrière la dentelle". Les dentellières ont travaillé sur des projets incluant une partie électrique, et en appuyant sur un bouton caché (parfois on le devine) sous un des motifs de la dentelle, casque sur les oreilles, on pouvait les entendre raconter leur histoire dentellière. À la technique, Lavoslava Benčić, coordinatrice du projet Afrodita Hebar Kljun, coordinatrice de réalisation Majda Jurkovič. Et les dentellières participantes Matejka Jakob Oven, Majda Jurkovič, Anja Onuk, Tatjana Mizori Zupan, Milena Jančar, Simona Strugic Krajšec, Jerneja Osenčič, Mateja Povirk. Et les photos ne sont pas forcément dans l'ordre, je ne sais plus qui a fait quoi.

Quelques belles robes pour une réception à l'Elysée, monter les marches à Cannes, le dîner du congrès Oidfa. Laquelle choisissez-vous?

Allons faire un tour du côté des associations italiennes, aussi présentes au congrès car co-organisatrices. Avec du fuseau et de l'aiguille. Les dentelles étaient présentées sur une table, sous une plaque de plexiglass posée sur des supports. Avec les reflets des néons: n'oublions pas que nous sommes dans un gymnase.