Où passe l'aiguille, de Véronique Mougin.
Du camp de concentration au sommet de la haute couture française, voici le voyage de Tomi, sa vie miraculeuse, déviée par l'histoire, sauvée par la beauté.
C'est tout... Un bien court texte pour présenter le livre. L'histoire commence en avril 1944 à Beregszász, en Hongrie, aujourd'hui Берегове (Berehove) en Ukraine. Tomi, surnom de Tomas, est fils de maître tailleur, son père n'arrive pas à lui transmettre le métier, il rêve d'être plombier. Mais la guerre et la déportation vont chambouler ses projets. Plus que la fin, c'est le parcours de Tomi qui est intéressant, la couture est présente tout au long du récit, et c'est ce qui va la sauver.
Juste un extrait qui m'a plu:
L'autre jour, c'était la dentelle qui l'énervait. La dentelle, tout un poème... Il faut commander les panneaux chez des ouvrières spécialisées en la matière, c'est long à faire et en haute couture le temps presse, mais chaque saison il s'obstine. Quand son patron n'y pense pas c'est lui qui insiste pour en ajouter ici et là.
- Pourquoi en mets-tu partout si ça te rend nerveux ? je lui demande.
Il argumente : en 1957 c'était pour faire comme Dior, en 1964 elle était terriblement à la mode, aujourd'hui les clientes en raffolent toujours et puis la dentelle c'est de l'art, c'est le chic, c'est la France, d'Alençon à Villedieu-les-Poêles on en fabrique, quand mon mari a épuisé tous les arguments cohérents il clôt le débat avec un aphorisme de son cru :
- La dentelle, ça sert toujours.