Nous sommes toujours le 10 juillet, après Volendam nous allons à Amsterdam, c'est tout près. Après une croisière sur les canaux (et toujours sous la pluie), nous visitons la maison où Rembrandt a vécu de 1639 à 1656. Dans cette maison les lits sont clos, les draps et les taies d'oreillers sont faits avec des reproductions des dentelles du XVIIème siècle.

 
Les draps sont ornés de dentelle néeralndaise le long du rabat du haut et dans leur centre, les oreillers sont ornés de dentelle sur les côtés.

Nous avons pu voir au travail les dentellières qui ont mis huit ans pour refaire ces parures, en double exemplaire pour pouvoir les laver. Etonnant de voir le peu d'indications sur le carton:

Les fuseaux sont des répliques d'un fuseau trouvé dans la maison même de Rembrandt, à l'occasion d'une restauration, devinez où... Dans les latrines! Il parait que ça conserve bien...

On pouvait même acheter les cartons de ces fameuses dentelles:

Nous sommes maintenant le 10 juillet.
De Groningue à Volendam, nous passons sur la digue (Afsluitdijk) qui referme une mer intérieure, à l'origine salée, qui est devenue douce grâce aux cours d'eau qui s'y jettent. Le costume de Volendam est devenu, aux yeux des étrangers, le symbole des Pays-Bas, alors que chaque région a son costume bien différent.

 
Coiffe pour laquelle il faut des kilomètres des mètres de dentelle à fond clair

Le musée nous présente aussi des intérieurs typiques de Volendam, on peut y voir cette femme au travail devant sa machine à coudre.

 
Mais ce qui est le plus intéressant n'est pas sur la photo, il faut lever les yeux pour le voir... accrochées au plafond, pendent une ou des 'balles à poussière'. Ce sont des boules de verre, et quand elles sont poussiéreures c'est le signal, il est temps d'épousseter la maison (ou de se contenter de changer la boule?).
A Volendam on porte aussi une écharpe en grosse laine aux couleurs de la France des Pays- Bas (et oui il suffit de renverser un drapeau pour avoir l'autre)

 
simplement tissée sur une planche à clous.

Nous sommes toujours le 09 juillet, contrairement aux apparence. Nous avons juste sauté le pas à pas pour le sac à courses, qui était déjà programmé, et qui est apparu tout seul (miracle de l'informatique? Non, tout simplement possibilité technique de l'hébergeur!).
Départ pour Zwolle. Les habitants de Zwolle sont appelés les 'Blauwvingers', les doigts bleus. Cela vient d'une légende associée à un carillon. La ville de Zwolle était très pauvre, et possédait un carillon pour seule richesse. La ville de Kampen était au contraire très riche, mais ne possédait pas de carillon, elle proposa donc d'acheter celui de Zwolle. Zwolle a demandé un somme astronomique pour son carillon. Réalisant le montant exigé, les habitants de Kampen ont décidé de se venger, et payèrent le montant avec des pièces les plus petites possible: des centimes. Les habitants de Zwolle durent compter pendant de nombreux jours, et à force de manipuler ces pièces leurs doigts devinrent bleus.
Je vous rassure, il n'y a pas eu de mutation génétique, et les habitants d'aujourd'hui ont les doigts de la même couleur que le reste de leur peau. Bon, malgré tout ça nous sommes quand même venues pour de la dentelle... Le musée Stedelijke nous présente une exposition réalisée à l'occasion du trentième anniversaire de l'Association des Dentellières Néerlandaises, avec de la dentelle classique et contemporaine. Tout d'abord, un grand mur bleu, impressionnant, avec toutes ces dentelles blanches qui y sont accrochées

 
Approchons-nous un peu, il y a des tulipes (normal)

 
des raisins

Et je vous laisse admirer les finitions, cherchez donc l'aponce (l'endroit où le début et la fin de la dentelle se rejoignent)

Dans un registre plus contemporain, les finitions sont toujours aussi nettes

Et en déambulant dans le musée on voit d'autres choses très originales

- Quoi, encore un rouet, mais ça fait combien de rouets depuis le début du voyage, en plus ils sont tous pareils, ça n'a rien d'original!
Non, la façon de plier rouler les draps dans les armoires

ou même ce petit 'tricotin' longiligne

Couper la forme du sac et ses bretelles dans le tissu et dans sa doublure. Donnez au côté du tissu la longueur que vous souhaitez. Coupez aussi deux cercles de 25 cm de diamètre dans la doublure, pour le fond du sac.

Coudre les côtés du sac et de la doublure, surfiler. Surfiler le bas de la doublure.

Coudre la doublure au sac, endroit contre endroit, le long des bretelles, sans coudre l'extrémité des bretelles. Retourner le sac sur l'endroit, par l'intérieur des bretelles. 

Coudre les extrémités des bretelles endroit contre endroit, puis faire une couture rabattue et surpiquer.

Broder le fond du sac: 'J'aime les courses'. 

Froncer le bas du sac, coudre le fond brodé au bas du sac en intercalant un biais pour faire une coulisse. Faire un rentré au bord du deuxième fond, et le coudre à l'intérieur du sac en faisant une surpiqûre à 2 mm et à 1 cm du bord. Passer un lacet dans la coulisse et dans un bloqueur. 

Modèle déposé à l'INPI.

Nous sommes toujours le 09 juillet. Staphorst (et Rouveen que nous n'avons pas visité) forment un monde à part aux Pays-Bas. La vie s'y déroule selon les principes d'un protestantisme sévère, véritable rempart contre la vie moderne. Les vaccinations y ont même été interdites en 1971, de nos jours elles sont simplement refusées pendant l'heure des offices. Certaines femmes protent encore le costumes traditionnel. Nous visitons le musée Boerderij Staphorst, dans une ancienne ferme du XVIIIème siècle, avec démonstration de différentes techniques de travaux manuels. Même le rouet est peint de façon assez voyante,

 
toute aussi voyante que le costume, dont la coiffe est un élément essentiel et très particulier, en voici une série

Alors nous sommes maintenant le mercredi 09 juillet (tout le monde suit?). Nous allons à Orvelte, un village-musée. Les gens y vivent et y travaillent, et sont fiers de nous montrer un village typique de la vallée de Drenthe, avec de jolies fermes saxones aux toits de chaume. Dans l'une de ces fermes nous visitons une exposition de 'Nederlandse Kant Opleiding', l'Ecole de Dentelle Néerlandaise, qui nous présente une sélection de dentelles réalisée au cours des vingt-cinq dernières années.
Tout d'abord avec la dentelle traditionnelle, revue et visitée par un trait de modernité:
les Pays-Bas, pays des sabots et de la mer (sans commentaire)

 
Le motif de Flandre qui dépasse de la largeur de l'entre-deux

ou bien s'intègre comme une insertion dans un petit napperon 

Ou même carrément contemporain

Nous sommes toujours le 08 juillet, mais si mais si. Départ pour Nimègue, Nijmegen en néerlandais, pour le musée 'Het Valkhof', musée d'art et d'archéologie de construction moderne. Spécialement pour le congrès OIDFA, Mme Els Bartelink y présente sa collection personnelle de dentelles et de costumes. Nous avons même eu l'honneur de sa présence et ses commentaires sur sa collection, qu'elle a mis quarante ans à rassembler (à croire que les Pays-Bas nous préparent ce congrès depuis quarante ans!).
Quelques grandes tenues:

Détail d'un pan de ce châle en Chantilly

 
Oh, une de ces ombrelles irait bien avec mon costume d'arlésienne, hum...

Puis les dentelles dans des vitrines: un magnifique col en dentelles à l'aiguille, style art nouveau, impossible de l'avoir en entier

Voilà ce qu'on peut faire avec de simples carrés:

 
Encore une belle pièce, aux fuseaux cette fois

On alterne, à nouveau de l'aiguille

et aux fuseaux, le motif de paon est typique des Payx-Bas

Nous sommes maintenant mardi 08 juillet. Pas trop perdues? Alors continuons. Nous allons à Apeldoorn, une ville-jardin avec de larges avenues bordées de grands arbres et de nombreux parcs. Nous y visitons le 'Palais Het Loo', résidence secondaire de la famille royale néerlandaise et son magnifique jardin.
Puis nous sommes reçus par Mme Yvonne Scheele qui nous présente l'exposition des dentelles réalisées par elle et ses élèves, sur le thème 'Fleurs en dentelle au fuseau'. Elle travaille essentiellement deux techniques: la Duchesse et la Bedfordshire, auxquelles elle apporte une grande touche personnelle, ce qui permet d'avoir des travaux en trois dimensions. Nous sommes autorisées à photographier, ce que j'apprécie beaucoup, mais sans flash, condition que je respecte, d'où la qualité des photos, hélas.

Je vous ai laissé l'ombrelle en grand pour que vous puissiez l'admirer (cliquer dessus):

On ne va pas repartir sans le livre de notre hôte, dédicacé s'il vous plait!

A partir de maintenant, il va falloir suivre le film, parce que je vais vous perturber sur les dates. Nous sommes donc toujours le lundi 07 juillet. Après Warffum, départ pour Noordhorn, pour visiter le musée du costume 'De Gouden Leeuw', le Lion d'Or. Ce musée est installé dans une ancienne taverne, construite en 1622. C'est un musée privé, celui de la famille Pilat, des passionnés, qui réunissent des costumes de la région nord des Pays Bas depuis quarante ans. Et pas que cela, des hôtes charmants, et nous dînons dans une salle du musée, tout près de l'estrade et des mannequins exposés (imaginez un dîner au milieu des collections du Louvre!!). Une exposition supplémentaire de broderies et dentelles a même été organisée à l'occasion du congrès.
Les fines dentelles à fond clair

qui servent à réaliser les coiffes

 
ainsi que les broderies au plumetis.

Après le congrès (cérémonie de clôture le dimanche vers 16h), certains rentrent chez eux des dentelles plein la tête, d'autres n'en ont pas assez et poursuivent avec une excursion de cinq jours au travers des Pays-Bas, avec pour thème principal devinez quoi... La dentelle bien sûr!
Avec plusieurs visites par jour, j'ai de quoi remplir des pages, alors j'ai choisi de morceller le voyage et de consacrer chaque journée à une visite seule.
Nous sommes donc le lundi 07 juillet (pour l'instant ça correspond) et nous partons pour Leens, Uithuizen pour des visites touristiques classiques, puis Warffum.
A Warffum nous visitons le musée en plein air 'Het Hoge Land'. Ce sont des maisons et bâtiments du centre-ville qui ont été rachetés pour être préservés, et présenter le mode de vie de la population rurale du nord ouest de Groningue: école, boucherie juive, maison des veuves, intérieur d'une maison. On passe d'une maison à l'autre en vitesse, visiter un musée de plein air sous la pluie ce n'est pas l'idéal. Dans ces intérieurs on découvre pourtant des merveilles, qui équipaient tous les foyers à une époque où il fallait tout faire:
un rouet,

un échevaudoir, je n'en avais jamais vu de cette forme (ou alors c'est autre chose, les spécialistes ont la parole),

 
un métier à tisser,

et regardez les lisses: l'oeilleton est en métal, le reste en fil, je n'en avais jamais vu faites comme ça!