Mémoire de soie, d'Adrien Borne
Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. C'est la première fois qu'il quitte la magnanerie où étaient élevés les vers à soie jusqu'à la fin de la guerre. Pourant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents. Il y a juste ce livret de famille, glissé au fond de son sac avant qu'il ne prenne le car pour Montélimar. À l'intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre, Baptistin. Ce n'est pas son père, alors qui est-ce? Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu'au premier acte de cette malédiction familiale.
Ce premier roman virtuose, âpre et poignant, nous plonge au cœur d'un monde rongé par le silence. Il explore les vies empêchées et les espoirs fracassés, les tragédies intimes et la guerre qui tord le cou au merveilleux. Il raconte tout, et la vie qui s'accomode et s'obstine.
L'histoire se passe à La Cordot, hameau dont je n'ai pas retrouvé la trace (imaginaire? disparu car englouti dans une aglomération?), du côté de Taulignan, commune où on trouve aujourd'hui un musée de la soie. Je connaissais celui de Saint Hippolyte du Fort que j'ai déjà visité mais pas celui-là, une visite à prévoir pour plus tard, un jour. En parallèle, on suit la vie de Suzanne et Baptistin, juste avant la grande guerre, et celle d'Émile, juste avant la deuxième qui se profile. Suzanne travaille à dévider des cocons de soie, Baptistin dans l'élevage familial de vers à soie, ils étaient donc faits pour se rencontrer. Mais le résumé vous a mis la puce à l'oreille, je ne vous en dis pas plus. Toute la filière du travail de la soie est évoqué mais ne tient pas une place fondamentale dans le récit.
Une dernière chose, sur la jaquette "Tout au long de sa carrière de journaliste, Adrien Borne a volé du temps pour l'écriture et n'a jamais oublié sa Drôme. Ses filles n'ayant pas proposé de l'aider, Mémoire de soie est son premier roman, à trente-huit ans." Mais pourquoi ses filles auraient-elles dû l'aider?