Et enfin, un cours qui m'aurait aussi intéressée mais on ne peut pas tout faire, la dentelle à l’Aiguille Aemilia Ars, par les professeures de dentelle de l’Association I Merletti d’Antonilla Cantelli. Aemilia Ars est une dentelle à l’aiguille de Bologne, en Émilie-Romagne, d'où son nom. Elle est issue du Reticella, mais s'est très vite développée comme un "Punto in aria", basée sur le célèbre livre de modèles de Bologne. Sur le carton, seuls quelques fils de repère, pas de trace comme dans les dentelles à l'aiguille classiques.

La dentelle milanaise est une dentelle à lacet. Le modèle proposé pour ce cours est issu du Couvent des Ursulines de Gorizia, il date du 18^ème siècle. Les professeurs étaient Federica Geotti et Antinisca Vicentini, aussi de l’Association Fuselliamo. J'ai plutôt l'habitude de voir un lacet continu pour ce genre de dentelle, je n'ai pas vu comment on 'remonte' d'un pétale à l'autre, c'est très original.

Continuons notre tournée des autres cours: le Point de Flandres à Trois Paires par Manuela Benfatto et Patrizia Cattarossi, de l’Association Fuselliamo. C’est la plus typique des dentelles de Gorizia, elle date des années 1930 et est réalisée avec trois paires de fuseaux. C'était mon deuxième choix de cours si je n'avais pas eu de place dans le cours de dentelle slovène. Et j'ai eu une place quelques jours avant de partir.

Il y a plus de trois paires là me direz-vous, oui mais c'est parce qu'il y a deux lacets en cours de travail.

Une promenade dans les autres cours, on commence par le cours dans la salle juste à côté: "Une Rose, la Fleur de Nova Gorica" par Simona Strgulc Krajšek, Il s'agissait de reproduire une rose du catalogue de la compagnie DOZ, qui a fonctionné à Ljubljana de 1919 à 1946, redessiné sous la forme d’un marque page. Voici d'abord le modèle réalisé par la prof.

Un modèle avec plein de points techniques différents, pas si simple.

Une fois arrivée à la résidence étudiante, j'ai commencé par un cours, celui de dentelle slovène avec une touche italienne, par Matejka Jakob-Oven. Nous avons travaillé sur le coussin traditionnel slovène. Avancée du travail le lundi soir.

Comme nous n'avions pas été averties du matériel requis pour le cours, avant de partir j'ai pris quelques outils de base: une boîte d'épingles, mes ciseaux, ma trousse avec notamment mes feutres de couleur et un crochet fin, et des fuseaux. Pour ça j'ai été bien inspirée. Avancée du travail le mardi midi.

Mais il parait qu'il fallait aller voir ( je ne sais pas combien de temps avant) sur le site, pour savoir si on souhaitait acheter ou emprunter un coussin pour le cours. Nous étions plusieurs à ne pas avoir vu, ou à ne pas avoir compris. Bref le lundi matin il manquait presque une dizaine de coussins pour deux des cours, et l'autre prof est allée en urgence à Ljubljana chercher les coussins de ses élèves en vacances. Avancée du travail le mercredi midi.

Avancée du travail le mercredi en fin de journée de cours. 

 Avancée du travail le jeudi matin avant la reprise, j'ai travaillé dans ma chambre le soir.

Crochetage final le jeudi en milieu de matinée. J'avais déjà fait des crochetages de fin de travail en suivant les instructions de la méthode, mais c'est bien de le voir faire.

 Et voilà le travail côté endroit! On voit le progrès dans la réalisation des fleurs de Cantu.

Comme il me restait un peu de temps, Matejka a bien voulu regarder les exercices de dentelle d'Idrija que j'ai faits seule, et avec sa supervision j'ai refait le dernier exercice, pas très joli. Verdict: il n'y avait pas d'erreur dans mes crochetages, mais un gros problème de tension qui vient du fait que je travaille à plat. À plat, les épingles me gènent et je mets un couvre-carreau pour travailler. Sur le coussin, les épingles sont utilisées pour maintenir les paires à un endroit ou à un autre, les fils dans une direction, puis dans une autre, et tout se met en place de cette façon. 

 Merci Matejka!

Pour reprendre le cours de ce congrès dans l'ordre, comme annoncé je suis allée à Nova Gorica (en Slovénie) pour le congrès oidfa. Ce ne fut pas affaire facile de trouver comment y aller, après une recherche de trajet en train (2 jours entiers, une nuit à Milan, 4 billets à prendre auprès de 4 compagnies différentes côté italien, trains déjà complets), une recherche de trajet en avion (où il faut passer par Paris, abérrant quand on regarde Alès-Nova Gorica sur une carte), j'ai finalement opté pour un trajet en car.
Départ de Nîmes le samedi soir vers 21h, arrêt à Marseille vers 23h, arrêt à Nice vers 01h, arrêt sur une aire de repos vers 03h, arrêt à Turin vers 05h, arrivée à Milan vers 07h. Place assise dernière rangée du car, impossible de pencher le dossier du siège.
Départ de Milan vers 8h30, arrivée à Venise vers 12h.
Trajet à pieds entre la gare routière et la gare Santa Lucia de Venise.
Départ de Venise vers 14h, arrivée à Gorizia vers 16h. Et s'apercevoir à Gorizia qu'il n'y a pas de train ni de bus entre la gare de Gorizia et celle de Nova Gorica.
Donc dernière étape, trajet à pieds entre la gare de Gorizia et la résidence étudiante de Nova Gorica, avec un trajet calculé au plus court mais qui fait passer par un chemin caillouteux qui grimpe sur une colline et redescend derrière. Les roulettes de la valise n'ont pas aimé.
À l'arrivée découvrir les panneaux dans le hall, dommage que l'affiche n'ait pas été disponible, j'en aurais bien acheté une pour ma collection.

Ce n'est pas dans l'ordre mais c'est une information qui a largement circulé sur la toile donc j'y vais de ma version. Le thème du concours du congrès 2023 était "Le Fil Rouge". J'ai tout de suite pensé à un labyrinthe. Comme le Couvige de Paris mène un projet commun sur le thème de l'hexagone, j'ai recherché un labyrinthe hexagonal, et j'ai trouvé ce dessin.

Il a fallu le mettre en carte, et c'est parti pour la dentelle.

Pas mal de fuseaux, je n'ai pas compté, mais je vais devoir le faire, la raison en fin d'article.

La dentelle au repos avant de couper les fils.

Et le chemin dans le labyrinthe (oui il y a une solution!) est fait à l'aiguille, pour que ce soit un fil ininterrompu.

Présentation dans un cadre pour photo de chez Muji. Si vous avez vu des photos de ce labyrinthe, c'est que j'ai eu le deuxième prix du concours. Je ne m'y attendais pas, je l'ai fait surtout pour m'amuser et pour faire un hexagone, surtout que je trouve la finition pas belle. Il faut faire des picots pour bien tenir les réserves, j'ai failli le refaire mais je l'ai envoyé comme ça. Tous mes remerciements au jury.

Et le bonus, c'est que vous aurez le modèle dans un futur numéro du Bulletin oidfa. Pour cela il faut adhérer à l'association, et en plus vous aurez toutes les informations pour le concours du prochain congrès.

À l'origine le congrès Oidfa 2022 2023 devait se tenir à Hambourg, Allemagne. Pour diverses raisons il a été transformé en congrès en ligne, puis au dernier moment (ou presque, un an avant la date c'est peu de temps pour organiser un congrès!) en congrès mixte avec une partie à Nova Gorica et Gorizia. Et pour le congrès à Hambourg, j'avais vu dans le Bulletin un appel à projet. Dans l'esprit du projet de robe rouge de brodeuses mené par Kirstie Macleod, dont je vous laisse découvrir toute l'histoire (en anglais).

Dans la perspective du congrès d'Hambourg, c'est Kirsten Brinckmann qui souhaitait s'en inspirer, pour faire une robe en dentelle. Les instructions étaient les suivantes:
Choisissez n'importe quelle technique de dentelle que vous aimez, ou une combinaison de deux ou plus, créez votre propre design ou choisissez un motif traditionnel (indiquez le créateur) et adaptez-le aux formats et dimensions donnés. Les morceaux de dentelle peuvent être exécutés en deux ou trois dimensions. J'ai rassemblé plusieurs formes géométriques - carré, rectangle et triangles de différentes tailles. Veuillez télécharger le fichier de gabarits, sélectionnez un ou plusieurs motifs géométriques et respectez les dimensions données ! Vous pouvez utiliser n'importe quel matériau textile (par exemple soie, coton, lin) dans différentes épaisseurs, mais s'il vous plaît uniquement en couleur blanche ou blanc cassé !

On pouvait aussi partager avec notre histoire personnelle à travers la dentelle, en répondant aux questions suivantes :
1. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la dentelle ?
2. Qu'est-ce qui vous fascine tellement que vous y consacrez du temps, de l'énergie et de l'argent ?
3. Qu'est-ce qui vous inspire, d'où vous viennent vos idées ?
4. Vous spécialisez-vous dans quelque chose ?
5. Quelle place occupe la dentelle dans votre quotidien ?
6. Qu'est-ce que la dentelle a changé dans votre vie, quelle est son importance ?

J'ai donc préparé mon carré que j'ai envoyé. J'avais un petit espoir de voir cette robe à Nova Gorica, mais malheureusement ce projet ne s'est pas fait, tant pis. Je partage néanmoins avec vous les réponses aux questions.
1. C'était un univers totalement inconnu là où je vivais. Avec un prénom très courant (même à Rabat, partout où j'allais il y avait une autre Sophie) je voulais trouver quelque chose que personne d'autre n'avait ou ne faisait, alors quand ma grand-mère m'a donné son 'mundillo' et m'a appris mes premiers points, j'ai plongé dedans.
2. La concentration requise permet de vider l'esprit, et en même temps d'être dans un état presque contemplatif. J'ai toujours fait de la dentelle la veille de mes examens.
3. Ce sont des envies, quand je vois un joli modèle, un joli dessin. Rien de très réfléchi ni rationnel.
4. Je touche un peu à tout, avec une dentelle de prédilection suivant les périodes. Pendant longtemps la Duchesse, puis la Bayeux et Chantilly, et depuis quelques temps la dentelle d'Idrija en parallèle.
5. Le carreau est toujours en place, je n'ai pas forcément le temps de m'y mettre tous les jours mais au moins je passe devant plusieurs fois par jour.
6. La dentelle m'a fait découvrir plein de belles personnes, de plein de pays différents, beaucoup que j'ai revues durant ce dernier congrès. Et aussi beaucoup fait voyager.

Ce soir c'est le départ, même si vous aurez un peu de lecture pendant que je profite de plein d'expositions et de voyages.

À chaque congrès j'achète ma paire de fuseaux-souvenirs. Le congrès de Tartu a été annulé mais les préparatifs étaient très avancés, notamment les fuseaux-souvenirs déjà réalisés. Pour ne pas que les organisateurs les payent uniquement de leur poche, ou bien qu'ils restent sur les bras du tourneur, ils ont été proposés à la vente auprès des membres. J'ai donc acheté ma paire de fuseaux-souvenirs de rien puisque rien ne s'est passé, mais ce n'est pas grave ils me plaisent quand même.

Et j'espère que les organisateurs estoniens auront l'envie et le courage de proposer à nouveau un congrès dans quelques années, car leur programme était prometteur.