J'ai eu l'occasion d'être à Paris juste avant la fin de l'exposition Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d'or à l'Institut du Monde Arabe.

Par les fenêtres équipées de diaphragmes, on peut voir les bâtiments de mon ancienne université.

Allons visiter ensemble cette exposition. On commence par les costumes masculins. Le texte en italique est issu du livret visiteur.
La pièce la plus importante des costumes d'hommes est le caftan appelé "chapan". Il s'agit d'un manteau ample, long, à la coupe unique, qui couvre plusieurs couches de vêtements. À la cour de l'émir, les plus beaux chapans sont confectionnés sur une base en velours de soie appelée "bakhmal", et arborent des broderies d'or. Ils intègrent trois compositions ornementales distinctes: les style "darkham", le style "buttador" et le style "daukhor". Nommé "zardozi", l'art de la broderie d'or s'est répandu en Inde, en Chine, en Iran et en Europe depuis des siècles. Il atteint son apogée au Turkestan à la fin du XIX^ème siècle et au début du XX^ème. Sa renommée vient des techniques ainsi que de la créativité déployée par les brodeurs de Boukhara qui créent des pièces monumentales à l'attention des élirs. Lieu éminent de richesse et de pouvoir, la cour de Boukhara a gardé la tradition "Timuride" de la robe d'honneur. Des chapans brodés d'or sont offerts aux ambassadeurs et aux hauts gradés militaires en tant que cadeaux diplomatiques. Ces derniers pouvaient porter jusqu'à sept chapans superposés les uns sur les autres.
Et oui ce sont les hommes qui brodent. Un panneau expliquait que les femmes sont impures et pourraient souiller l'or. Mouais. Alors imaginez quand elles ont leurs règles.

Quelques détails: sur celui-ci on voit que les broderies sont réalisées sur un velours de soie à motifs.

Le bord ressemble à du tricot, en fait des points de chaînette très petits et près des uns des autres.

Mon escapade mensuelle à Paris m'a permis d'aller voir l'exposition "Tisser des liens", galerie Horae.

Tissage, vannerie, découpe.
Le végétal donne les fibres, les peaux et les pigments qui guideront les gestes de l'artiste. Une matière première brute qu'il faut comprendre et non soumettre. Qui de l'ortie ou de la sauge sera assez douce pour tisser les liens entre nous?

J'ai beaucoup aimé les papiers découpés de Mathieu Adam, les dessins d'Emmanuel Henninger, les vanneries de Marie Drouet, et surprise devant les peaux d'aubergine de Loumi Le Floc'h (comme sur l'affiche). L'exposition dure jusqu'au 24 mars.

Vous ne savez pas quoi faire le week-end prochain, un long week-end en plus. Déjà je ne vous crois pas. Et puis je vous ai trouvé une sortie très intéressante.

Maintenant que je n'habite pas si loin, je me faisais une joie d'y aller, mais je suis retenue ailleurs pas d'autres activités.

Dans le cadre de la nuit des musées, je suis allée au musée du Colombier à Alès. Les élèves de première et terminale Arts du lycée Bellevue ont réinterprété certaines œuvres du musée, sous la direction de leur professeur. Je m'intéresse plus spécilement au textile, donc je n'en ai retenu qu'une pour ce reportage.

L'œuvre d'origine est la Dame au Perroquet de Frans Van Mieris, une huile sur bois de 24,5x20 cm.

La dame a presque les mêmes habits. 

En bonus cette pieuvre et ses proies, ou bébés? Je n'ai pas reconnu l'œuvre d'origine, ou alors je ne l'ai pas vue, pourtant j'ai bien regardé.

Dans le cadre du dispositif "La classe, l'œuvre", seize élèves du lycée Jean Rostand de Nevers ont travaillé pendant deux ans sur des vêtements inspirés des collections du Musée de la Faïence et des Beaux-Arts. Leurs créations sont exposées dans les diverses salles du musée, à côté de la source de leur inspiration. En voici une mini sélection, un choix cornélien entre toutes les pièces exposées, guidé par la possibilité de les prendre en photo correctement et le résultat parfois décevant de mes prises de vue. Ayant visité le musée sans le matériel adéquat pour prendre de belles photos, je n'ai pas pu photographier non plus les sources d'inspiration de ces costumes.

C'est ma dernière visite d'exposition avant longtemps, je n'ai plus le droit d'aller dans les musées. J'ai aussi profité de cette dernière ligne droite sans fichage général de la population pour aller voir les films suivants: Cruella, Présidents, Un tour chez ma fille, Benedetta, et Le sens de la famille. Je n'ai plus non plus le droit d'aller au cinéma.

Une escapade à Moulins-sur-Allier, depuis Nevers ce n'est pas si loin. Depuis le temps que j'entends parler du Centre National du Costume de Scène, que ce soit par la communication sur leurs expositions ou par les visiteurs parfois déçus car ils pensaient en voir beaucoup plus. Du coup je ne m'attendais pas à quelque chose de grandiose, et j'ai bien apprécié.

Les corbeaux vous accompagnent dans le bel escalier en pierre, le bâtiment est magnifique.

Quelques costumes qui se sont laissé photographier, les conditions d'éclairage ne sont pas optimales mais c'est pour le bien des textiles.

Et on finit en apothéose.

Voyez-vous la différence entre cette affcihe

et celle-là?

La différence est subtile, c'est juste la date. L'année dernière à peu près à la même époque, le congrès prévu à Tartu a été reporté d'un an. Et voilà que le congrès est tout bonnement annulé. Rendez-vous est pris pour celui de Hambourg en 2023. Mais j'espère quand même que les organisateurs présenteront un nouveau projet dans quelques années, le programme était prometteur. Tous les modèles reçus pour le recueil seron tpubliés d'une manière ou d'une autre, donc suspens je ne peux pas encore vous montrer ce que j'avais fait.

Costume de 1835 (date approximative), composé d'une coiffe en tulle bodé, bordée de dentelle de Malines, et gansée de ruban de soie, d'un corsage en soie à "manches à bouffants", d'un fichu en coton imprimé polychrome fait à Avignon ou Tarascon, d'un fichu de propreté en mousseline brodée et bordé de dentelle, d'un jupon piqué en indienne à motifs dit "bâtons rompus", d'un tablier en taffetas de soie, d'une croix en corail rouge et de boucles d'oreilles en corail et cheveux tressés. Multiples reflets en cadeau.

Comme mes photos de la dentelle du fichu de propreté sont floues et pas exploitables, voici le gros plan du petit mouchoir qu'on voit dépasser de la poche. Broderie et tissu appliqué sur tulle.

La coiffe et sa dentelle de Malines, même l'ombre de la dentelle sur le manequin est un régal pour les yeux.

Et on termine cette exposition par quelques costumes. Quelques uns seulement, il y en avait tant.

Tout d'abord un costume de 1830, composé d'une coiffe à passe en mousseline brodée, d'un corsage à manches larges en satin de soie, d'un canezou en mousseline brodée, d'un jupon piqué en indienne dit "bâtons rompus", d'un tablier en taffetas de soie, et d'une croix en ambre facetté.

Et sur quel critère ai-je sélectionné ce costume plutôt qu'un autre? Pour ceux qui ne me connaissent pas: sur la possibilité de faire des gros plans de dentelle. Le bord de canezou, de la Valencienne?

Et la coiffe? Le fond semble avoir des cordes, une maille Valencienne? Un fond drochel?

L'exposition continue avec des bourses en broderies de perles dites sablées. "La technique du sablé de perles est apparue au XVIIème siècle avant de se développer au XVIIIème et de connaître un véritable engouement au XIXème avec la vogue romantique. Les perles utilisées ont la taille de grains de sable d'où le nom du procédé. Elles sont si fines qu'il faut parfois les enfiler sur le fil de soie à l'aide d'un cheveu, aucune aiguille ne pouvant les traverser. Le résultat est des plus ravissant et stupéfiant, avec douze à quatorze perles par centimètre."

On peut apprécier le travail en gros plan.