Ces bottes, je les ai achetées il y a quelques années, des bonnes bottes de bonne facture en cuir, semelle épaisse, en soldes mais à un bon prix quand même, prix qui correspond à la qualité. Je les ai achetées pour qu'elles durent jusqu'à 20 ans. Au moins.
Oui mais on a beau faire (on a beau dire), on n'échappe pas à l'industrie à tout va, et ces bottes ont beau être de qualité, le zip qui les ferme ne l'est pas. Voilà ce que c'est que d'avoir une démarche de danseuse, à chaque pas les zips se frottent l'un contre l'autre et les fils de couture se sont usés: ce sont des zips faits d'un tortillon de plastique cousu sur un ruban. Résultat: difficulté pour les mettre, mais surtout pour les enlever (apparemment c'est plus facile dans un sens que dans l'autre). Je ne suis pas un cow-boy, je ne dors pas avec mes bottes, donc il va falloir faire quelque chose.
Direction le cordonnier pour faire changer ces fermetures. Quand le cordonnier m'annonce le prix, glups... Presqu'aussi cher que les bottes. J'ai essayé de mettre mon entourage à contribution pour faire réparer mes bottes dans des pays connus pour leurs petits artisans à un prix raisonnable. Mais rien à faire, il parait qu'il n'y a pas de cordonnier au Maroc, ni en Inde. Vous l'auriez cru? Mes bottes ont un peu voyagé mais sont revenues intactes, enfin non pas intactes, je veux dire pas réparées.
Je retourne chez mon cordonnier tâter le terrain un peu mieux. Entre-temps le prix a augmenté. Le faire moi-même ne me rebute pas a priori, j'ai déjà changé la fermeture de chaps d'équitation. Mais j'ai une contrainte technique: la partie table de ma machine à coudre ne peut pas aller dans la partie étroite de la botte, les cordonniers ont une machine spéciale pour ça. Je pose d'autres questions, plus techniques, et j'apprends que s'il le fait, le cordonnier me posera le même genre de camelotte en plastique en guise de zip, il l'achète en rouleaux. Tant qu'à faire réparer mes bottes, autant que ce soit du travail bien fait. Je me résouds à le faire moi-même. Deux après-midis pour découdre les fermetures cassées, point par point en faisant bien attention à ne pas abîmer le cuir, à ne rien couper en plus, et en mémorisant le montage.
Je réunis donc: fil à gant en coton glacé Au Chinois, solide (2,70€ à la mercerie Raugraff), finalement trop fin, remplacé par un cordonnet à coudre polyester, zips en métal n'existent qu'en séparables mais peu importe puisque je vais couper le bout (2,99€ chaque chez Mondial Tissus), pain de cire (5,98€ chez Famille Mary) pour cirer le fil...
Faisaient déjà partie de mon matériel, deux aiguilles pour faire du point de sellier, en profitant des trous existants, deux dés et des pinces, et hauts les cœurs... Trois après-midis de couture.
Finalement, je remercie Claude Berri (blague de vieux) tous ceux qui m'ont permis de me dépasser, de beaucoup me piquer les doigts, de repousser mes limites, et de changer mes fameuses fermetures moi-même.
Il était temps, la neige arrive. Et moi je suis super contente de mes bottes. Même que ma Pauline m'a dit "C'est super bien fait, la vache!"